Le Future of Work nous obsède. La dernière année pandémique a même été servie en preuve (ou en blâme?) aux organisations qui n’avaient pas encore développé les compétences du numérique au sein de leurs équipes. Peut-être est-ce parce qu’on vit dans le présent, et pas dans le futur?
<p class="has-small-font-size" value="<amp-fit-text layout="fixed-height" min-font-size="6" max-font-size="72" height="80">Avertissement sympathique: après plusieurs mois en jachère et une pandémie plus tard, j'ai ressenti le besoin d'écrire à nouveau mes réflexions sur le thème de l'apprentissage en milieu de travail. Ce texte est davantage un billet d'humeur qu'un article se voulant scientifique avec problématique, hypothèses, mini revue de littérature et pistes de discussions. Un lecteur averti en vaut… un. Avertissement sympathique: après plusieurs mois en jachère et une pandémie plus tard, j’ai ressenti le besoin d’écrire à nouveau mes réflexions sur le thème de l’apprentissage en milieu de travail. Ce texte est davantage un billet d’humeur qu’un article se voulant scientifique avec problématique, hypothèses, mini revue de littérature et pistes de discussions. Un lecteur averti en vaut… un.
Chaque année, chercheurs, Think tanks et leaders d’opinions produisent leurs analyses, font leurs prédictions sur les tendances à venir, les besoins de demain. On voit apparaître les listes des compétences qui seront les plus attractives dans quelques années. On compare avec la liste précédente et on relève celles qui ont monté dans la liste et celles qui ont descendues, un peu comme on le fait avec les classements en sports.
Tiens, cette année la collaboration joue pour 0,500!
On ajuste notre vision, nos cibles, nos planifications en conséquence de ces publications. Je plaide aussi coupable: je les « binge read » chaque année comme plusieurs collègues RH.
Collectivement, on se met à focaliser nos efforts pour comprendre ces compétences qui seront nécessaires demain, pourquoi et comment les développer.
Parmi ces fameuses compétences du FOW, les plus plébiscitées visent souvent le développement du leadership. Normal, maintenant que l’on connaît mieux les impacts des comportements des gestionnaires sur la mobilisation des employés et la performance des organisations. On remarque aussi dans ces compétences qui font le top 10 qu’elles sont généralement associées aux travailleurs du savoir, et concernent plus rarement les travailleurs manuels (sauf pour prédire leur disparition ou leur transformation profonde).
Se préoccuper d’aujourd’hui est presque devenu trivial. On pense aux compétences dont on aura besoin demain, dans 5 ans, 15 ans, 30 ans. Il faudra être prêts car le risque est énorme : ne plus être pertinents, tant pour les individus que pour les organisations. C’est probablement une variante du FOMO…
Or, comme l’écrivait récemment Mathieu Laferrière sur son blogue, le futur du travail c’est aujourd’hui. Un élément émerge en trame de fond de son article, et c’est un des piliers qu’il réitère régulièrement : la nécessité de faire des choix pour prioriser ce qui est important. Force est d’admettre que notre mode de fonctionnement accéléré des dernières années nous pousse plutôt à focaliser notre attention sur ce qui est urgent ici, maintenant, souvent pour nous rendre compte a posteriori que ce n’était peut-être pas si important finalement. Peut-être même que l’on aurait pu ne rien faire du tout et que ça n’aurait pas fait de différence. Sans compter que ce qui est urgent ou important pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre. Oups…
Quid de notre capacité à focaliser sur ce qui est important, l’évaluer et travailler aujourd’hui avec ce dont nous disposons, et tenter d’en tirer le meilleur à court, moyen et long terme? Cette question est complexe et déborde le seul cadre du développement des compétences en milieu de travail. Bien que le mot innovation n’y soit pas inscrit formellement il s’y trouve en trame de fond, incontournable de par la simple évocation du futur dans le moyen-long terme.
Pensons à la pénurie de diplômés et de travailleurs dans les métiers de la construction par exemple. Elle ne témoigne pas uniquement d’une forme de lobby visant à maintenir la rareté et donc, une forme de rapport de force entre les employeurs et les employés. Ou de la rigidité d’un cadre que nous avons écrit et que certains sont frileux à réviser. Elle témoigne également du fait que nous avons, collectivement et sur plus de 30 ans, focalisé notre attention sur les fameux métiers du savoir, le futur robotisé et informatisé, l’importance d’être prêts quand ce futur arrivera…
On pourrait énumérer plusieurs autres exemples illustrant la question de l’adéquation formation-emploi, et le fait que celle-ci se décline en trois formes dont chacune se déroule sur un continuum espace-temps distinct, tout en étant interreliées entre-elles. L’adéquation entre la formation (au sens large), l’emploi occupé aujourd’hui et celui qui le sera demain est un défi collectif qui dépasse le seul milieu de travail et exige la mobilisation de nombreux acteurs RH, non-RH, et dans divers milieux.
Force est d’admettre que chemin faisant, nous avons oublié des gens sur le bas côté de la route vers le FOW. Et que, avouons-le, ce futur qu’on imaginait ne s’est pas totalement matérialisé comme on l’avait prévu.
Repenser notre embarquement collectif, sans laissés-pour-compte, vers le FOW, sera tout un défi. Un défi qui s’apparente à développer la capacité à réfléchir en 4 dimensions, la conception d’un tesseract ou la compréhension des travaux de Einstein par tous. Ce qui ramène à la question fondamentale de ce billet: comment focaliser ensemble sur ce qui est important aujourd’hui aux plans individuel et collectif, afin de se développer pour être prêts ensemble demain?
Pour ma part, je n’ai pas de réponse aujourd’hui. Le chantier collectif me semble immense. Si je ramène cela à une perspective plus « locale et individuelle » côté défis du futur, hé bien je n’attends plus mon hover board depuis belle lurette. J’ai eu le temps de faire plusieurs autres apprentissages passionnants. Je laisse le skate à ma fille, qui aura ainsi plus de chances d’être prête à transformer ses habiletés acquises sur la planche quand le hover board sortira des labos.
S’il arrive un jour.
Dans la négative, elle aura au moins eu le plaisir de faire du skate aujourd’hui ou d’opter pour d’autres passions, sans attendre un lendemain qui n’est pas encore écrit.
Image par Gerd Altmann de Pixabay
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